La promesse
Il courait maintenant depuis de longues minutes, espérant ne pas être trop distancé par le petit asura, qui filait devant lui avec agilité. Les évènements lui revenaient par vagues successives, terribles, en une série d'images toujours plus atroces, cadavres calcinés, corps démembrés.
L'intensité des émotions provoqué par ce qu'il avait vécu, le fit défaillir, et s'envoler le peu de volonté qu'il lui restait. Finalement il s'arrêta dans sa course effrénée, au milieu du sentier, à flan de montagne.
Tout essoufflé qu'il était, il fit un pas de côté en direction de la corniche, à proximité du chemin emprunté. Là il essaya de faire le vide, mais ses visions étaient insurmontables pour lui. En levant les yeux, il vit en contre bas ce qu'il tentait de fuir, le Val en flamme.
Tout n'était que chaos et désolation. A cette distance il ne pouvait distinguer les corps qui jonchaient les terres alentour, mais ils étaient en très grands nombres. Malgré les maisons environnantes encore fumantes, toute sont attention était porté, au centre du Val, sur la demeure des Mestres en proie aux flammes, la forteresse brulait d'un feu magique, de flammes éthérées, reflet de la toute puissance de celui qui avait jeté sa colère sur Déméstros.
Il revoyait en pensées, son père donnant ses derniers ordres à la garde du Val, dernier rempart contre l'armée levée pour éradiquer le clan. Il lutteraient jusqu'à la mort s'il le fallait lui disait souvent, son père. Il en eu le triste exemple, lors de l'ultime assaut. Fierté du Val, et grands guerriers, ils n'étaient pas de taille pour lutter face à l'ennemie et son flot de puissance impie. La demeure des Mestres fut éventrée, et les derniers combat eurent lieu dans la salle du trône, c'est là qu'il du fuir. Sa dernière image du palais, étant celle de son père couché au sol, son épée brisée, la poitrine ouverte, le regard vide, terrassé par l'entité démoniaque, responsable de tout ce fléau.
Il avait du fuir à ce moment là, guidé par ce vieil asura qui devait l'aider dans sa tâche, en le menant à un portail expérimental, que lui et les membres de son équipe avaient installés là depuis quelques mois, afin de simplifier les échanges entre Déméstros et le reste du Monde. Depuis les fortifications du palais, jusqu'aux pieds des Hauts Pics, il avait suivit l'asura, mais maintenant il n'en pouvait plus.
« Jeune prince! Il faut continuer, ils seront là d'une minute à l'autre! » La voix autoritaire du vieux asura revenu à son niveau,le sorti de ses sombres pensées.
« Mais il n'y a plus d'espoir, ils sont tous morts...à quoi bon continuer... c'est la fin, je veux me battre! » répondit le jeune homme désemparé.
« Ils sont morts pour que vous puissiez vivre, et faire perdurer l'héritage des Sombreval. Ils ont donnés leur vie pour que le Clan du Val puisse encore exister! Tout ne fait que commencer! » « Ou est mon frère Lorcàn? Est-il lui aussi...? » « Non il est déjà en sécurité, il faut se dépêcher maintenant, j'ai promis à votre père avant qu'il ne rencontre son destin... de vous protéger, allons au portail! » dit le petit asura, d'une voix toujours plus décidée.
« Une fois passé la porte, tout sera fini? » rajouta derechef le jeune prince.
« Hélas non Tancrède, il faudra que vous m'aidiez à détruire le portail, et quand bien même, ce n'est que le début... les signes ont parlés » Tancrède se redressa, et balaya du regard le Val encore en flammes, s'attardant sur les contreforts des Hauts Pics que les couleurs du couché de soleil rendaient presque hospitaliers, et regarda au loin vers l'ouest par de là la mer brillante, pour apercevoir les îles du Crépuscules, qu'il ne reverrait probablement jamais.
C'est là qu'il se remit à courir suivi de son compagnon asura, jusqu'au portail. Il sentit alors en lui naître une nouvelle force, une puissance interne, animée par la colère et le désire de vengeance, mais aussi par la volonté de faire honneur au clan.
Il le sentait, il le savait, tout ne faisait que commencer...
La geste du Val, La Complainte